Vaccin contre le Covid-19 : les riches, les premiers servis ?
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Vaccin contre le Covid-19 : les riches, les premiers servis ?
A ce jour, près de six milliards de doses de vaccins contre le Covid-19, selon les calculs de différents médias, ont été précommandées à travers le monde auprès de laboratoires. Plus de deux milliards d’entre elles ont été réalisées par les seuls pays riches, explique la revue scientifique Nature.
Dans cette course au remède, il y a désormais 321 vaccins candidats en cours de développement (un chiffre qui a triplé en cinq mois) et pour 32 d’entre eux ont été entamés des essais cliniques, selon la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi) (1).
Six ont même entamé la phase 3 de développement, celle de l’évaluation à large échelle : AstraZeneca-Oxford, Moderna, Gamaleya Research Institute, Wuhan Institute of Biological Products-Sinopharm, Sinovac Biotech, et Pfizer-BioNTech. Sanofi et GSK ont annoncé jeudi 3 septembre le lancement d’un essai clinique de phase 1/2 de leur vaccin contre le Covid-19. Les essais de phase 1 correspondent le plus souvent à la première administration d’un médicament à l’homme. Sur un petit nombre de volontaires. La phase 2 concerne plusieurs centaines de volontaires. La phase 3 plusieurs milliers. La Cepi estime que plus de 280.000 participants seront ainsi engagés dans ces séries d’essais cliniques.
Mais l’autre enjeu, désormais, est de sécuriser un accès à tous les pays de doses de vaccins. Les déséquilibres sont grands. Toujours selon Nature, les États-Unis auraient sécurisé depuis la mi-août 800 millions de doses sur six vaccins en développement. Le Royaume-Uni à lui seul a précommandé 340 millions de doses soit cinq doses par citoyen britannique.
« Le nationalisme vaccinal prolongera la pandémie »
La pandémie a exacerbé une sorte de nationalisme économique et a déjà mis à mal la chaîne d’approvisionnement en matériel et médicaments depuis le début de l’année.
Les instances internationales veulent donc éviter que, comme après la pandémie de grippe H1N1 en 2009, seuls les pays riches soient pourvus de vaccins. « Si et quand nous aurons un vaccin contre le Covid-19 efficace, nous devons également l’utiliser efficacement », et dans tous les pays en même temps, a de nouveau averti Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en fin de semaine dernière. « Je le répète : le nationalisme vaccinal prolongera la pandémie, il ne la raccourcira pas. »
Afin de permettre que tous les pays, notamment les plus pauvres, puissent avoir accès à des doses de vaccin, un programme soutenu par l’OMS, la Cepi et la Gavi (2), a été mis en place. Quelque 172 pays participent à ce futur dispositif d’accès mondial pour un vaccin contre le Covid-19, connu sous le nom de Covax, a annoncé fin août l’OMS. Ce programme soutient actuellement neuf vaccins candidats anti-Covid-19 et son objectif est de sécuriser l’approvisionnement et de fournir deux milliards de doses dans les pays qui s’engagent d’ici la fin 2021, selon l’OMS.
(1) La Cepi (en anglais « Coalition for Epidemic Preparedness Innovations ») est une fondation qui fonctionne avec des dons provenant d’États, d’organisations philanthropiques et d’organisations de la société civile. Elle a été imaginée comme une solution possible contre le virus Ebola et officiellement créée au forum économique de Davos en 2017. La fondation de Bill et Mélinda Gates et des pays comme l’Allemagne, l’Australie, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Éthiopie, le Japon, le Mexique, la Norvège ou le Royaume-Uni y sont engagés. (2) Autrement appelée l’Alliance du vaccin, elle regroupe des pays, l’Unicef, l’OMS, la Banque mondiale, des laboratoires et des fondations… Elle a pour but d’assurer aux enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde, un meilleur accès aux vaccins. La France et l’un des membres fondateurs et financeurs depuis sa création en 2000.
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